Quelles sont les spécificités liées aux sépultures israélites ?
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Rédigé par : Charles Simpson fondateur du site Meilleurs Marbriers
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Tout comme les autres religions, les juifs ont leurs codes et leurs coutumes propres concernant les pierres tombales. Traditionnellement, les juifs sont enterrés dans un cercueil non-scellé – afin que leur corps redevienne poussières – et enterré le plus rapidement possible. En France, les cercueils sont obligatoirement scellés et inhumés au moins 24 heures après la survenu du décès. En hébreu, la pierre tombale se dit matzevah.
Cette dernière est conçue différemment en fonction des courants judaïques.
Les Ashkénazes eux n’ont traditionnellement seulement qu’une stèle (la partie verticale d’une pierre tombale destinée à recevoir les ornements) sur laquelle est inscrit le nom français et hébreu du défunt ainsi que le nom du père.
Sur ces pierres on trouve généralement des gravures , une ou plusieurs étoiles de David ainsi qu’une épitaphe plus ou moins long.
Les pierres tombales récentes sont en marbre mais les plus anciennes étaient en pierre et se situent toujours côte à côte.
Dans certaines communautés, il existe, au sein du cimetière, un espace réservé aux hommes et un aux femmes ou bien un espace réservé pour chaque communauté.
En France, il existe des cimetières israélites ou, à défaut, un « carré » prévu pour les juifs de la commune.
Les concessions juives sont forcément des concessions perpétuelles car l’exhumation est interdite par la Torah. Cela peut poser certains problèmes notamment le manque de place dans ces cimetières ou carrés.
On rappelle que la crémation est également une pratique interdite par la Torah, seul l’inhumation est permise.
Marbrerie israélite
Historique et généralité
À l’origine, en Israël, lorsqu’un juif décédait, on l’enveloppait dans un linceul et on le plaçait dans une grotte durant une année. Ensuite on regroupait les ossements que l’on mettait dans un petit cercueil en pierre disposé dans un coin de la grotte.
Plus tard, les corps était inhumé à même la terre dans un simple linceul, ce qui est toujours le cas en Israël.
Les juifs inhumés en Europe sont enterrés dans un cercueil car la loi l’oblige depuis le 18ème siècle. Toutefoisn il n’est pas rare que les défunts soient rapatriés à leur maison, leur pays d’d’origine.
Il faut savoir qu’il existe de nombreuses coutumes variant d’une région ou d’une communauté à l’autre.
Dans les cimetières, les tombes juives sont alignées en rangs à près de 50 centimètres l’une de l’autre. Lors de manque de place, il est possible que ces tombes soient rapprochées et même de les superposer.
La marbrerie funéraire ashkénazes
Les ashkénazes sont les juifs d’Europe centrale et orientale. Ils parlent le Yiddish et ont des coutumes et des traditions qui leurs sont propres.
Chez les ashkénazes, le monument funéraire est simplement composé d’une stèle, la partie verticale d’une tombe. Il n’y a pas de tombale (l’élément horizontal).
Sur cette stèle est indiqué le nom du défunt et son nom complet hébraïque ainsi que celui de son père.
La marbrerie funéraire séfarades
Les séfarades sont les juifs d’Afrique du nord et d’Asie (à l’origine appelé mizrahim).
Chez les séfarades, le monument funéraire est traditionnellement composé d’une tombale, c’est à dire de la partie horizontale qui recouvre la sépulture.
Sur la tombale est indiqué le nom du défunt, son nom complet hébraïque ainsi que celui de sa mère.
Culture et rites israélites : un peu d’histoire
La présence en France de cimetières juifs ne date pas d’hier. Ils sont présents dans l’Hexagone depuis le Moyen-Âge au moins, et notamment dans la région parisienne. Néanmoins, cette présence a été plus ou moins importante en fonction des périodes.
Ainsi, le peuple juif a subi plusieurs expulsions depuis le Moyen-Âge, ces exclusions les cantonnant régulièrement à de modestes cimetières. Ces espaces se concentrent depuis longtemps, et encore aujourd’hui, dans l’est du pays. A la fin du XVIIIe siècle, dans les années proches de la Révolution, les Juifs ont pu de nouveaux se réinstaller, mais avec des modifications de leurs rites : l’inhumation devait avoir lieu de nuit et sans bruit, un sort normalement réservé aux personnes condamnées ou suicidaires.
A partir du début du XIXe siècle, les Juifs se verront attribuer une partie du cimetière du Père Lachaise.
Certains rites juifs ont dû être modifiés pour se conformer aux obligations européennes. Autrefois, les textes israélites imposaient que la personne défunte soit enveloppée dans un linceul, puis placée dans une grotte pendant une année. Les ossements qui en résultaient étaient ensuite regroupés dans un cercueil de pierre, ce dernier étant finalement placé dans un recoin de la grotte.
Si l’inhumation dans un linceul est toujours pratiquée en Israël, les personnes juives inhumées en Europe doivent être placées dans un cercueil, une pratique rendue obligatoire depuis le 18e siècle. S’il est également de coutume d’inhumer la personne dans un cercueil non scellé, en France, cette pratique a aussi été revue.
Les fidèles dont les proches sont inhumés dans des cimetières municipaux en France doivent suivre des consignes spécifiques pour assurer la persévération des sépultures.
Quelles sont les rites et coutumes funéraires juifs ?
En revanche, les rites et sépultures varient d’une communauté à l’autre, et parfois d’une zone géographique à l’autre. Il faut alors différencier les deux principaux courants judaïques présents en Europe : les Juifs Séfarades et les Juifs Ashkénazes.
Les Ashkénazes sont ainsi les Juifs principalement présents en Europe centrale et orientale. Ils connaissent le Yiddish, une langue germanique comprenant un apport de l’hébreu. Dans leur cas, la pierre tombale, ou matzevah, comprend simplement une stèle (la partie verticale surplombant la tombe) et pas de tombale (la partie horizontale). Cette stèle est ensuite gravée du nom complet du défunt, en français et en langue hébraïque, ainsi que de celui de son père. Elle peut finalement comporter diverses gravures, et notamment une ou plusieurs étoiles de David.
Le terme de “Séfarades” désigne quant à lui les Juifs historiquement issus de la péninsule ibérique, mais qui sont aujourd’hui présents dans différentes régions du monde. Israël est la première d’entre elles, avec 1,4 million de Juifs séfarades. La France est le second pays au monde où cette communauté est la plus importante : elle y est estimée entre 300 000 et 400 000 individus.
Plus largement, le terme est souvent utilisé pour désigner des personnes juives non Ashkénazes. Cette communauté a d’autres rites. Ses sépultures funéraires ne comptent traditionnellement que la tombale. Celle-ci comporte le nom français et hébraïque du défunt, ainsi que celui de sa mère.
Le judaïsme impose également d’autres rites funéraires communs :
- La crémation et le don d’organes sont interdits
- La toilette du défunt doit être effectuée par une personne de même sexe
- Les soins de conservation du corps sont interdits, à moins d’un rapatriement prévu vers Israël
- Les concessions juives sont toujours perpétuelles, car la Torah (le texte saint du judaïsme) interdit toute exhumation
Qu’est-ce que le Kaddish Yatom ?
La cérémonie se déroule au cimetière, en présence d’un rabbin. Au cours de la cérémonie, le Kaddish Yatom est récité. Il est également appelé “kaddish des endeuillés”. Effectivement récité par les personnes endeuillées, il s’agit de la prière de deuil la plus connue dans la religion juive.
On parle aussi parfois de “prière des morts”. A tort, car aucune référence à la mort n’y paraît. Il s’agit en fait d’y glorifier le nom de Dieu, la lecture du texte devant accompagner le proche lors du deuil. Ceci l’incite à revenir vers sa religion et sa communauté, à un moment où une épreuve terrible peut l’amener à se questionner. C’est la raison pour laquelle le Kaddish Yatom, qui doit ainsi devenir une aide à la résilience, est récité trois fois par jour, entouré d’un quorum de prière (mynian).
Pourquoi des pierres sur les monuments ?
Les cimetières dédiés à la communauté juive ressemblent sur de nombreux points à n’importe quel autre cimetière. Traditionnellement, les pierres tombales étaient en pierre. Aujourd’hui, elles sont également conçues en marbre. Dans les cimetières, les tombes juives sont toujours situées côte à côte et normalement espacées de 50 centimètres. Mais par manque de place, il peut parfois arriver qu’elles soient rapprochées, voire superposées dans certains cas. Dans certains cimetières, les deux sexes sont séparés, avec un espace réservé aux hommes et un autre aux femmes. D’autres séparent les sépultures selon la communauté.
Toutefois, une particularité pourra interpeller les personnes qui ne sont pas familières avec les sépultures juives : des empilements de pierres réalisés par des proches sur les sépultures des défunts.
Cette pratique n’est présente que dans la communauté ashkénaze. Contrairement aux séfarades, ceux-ci n’y déposent pas de fleur. S’il est difficile de connaître l’origine exacte de ce geste, une première explication voudrait qu’il s’agisse là d’une réminiscence d’une ancienne coutume, lorsque les personnes n’étaient pas inhumées. Les pierres servaient alors à marquer “l’emplacement” de l’âme du défunt.
Selon une autre hypothèse, un amoncellement d’onze pierres serait une référence à la Genèse, dans laquelle Rachel mourut après avoir mis au monde Benjamin, son onzième enfant. Son mari, Jacob, réalisa symboliquement un monument fait de pierres. Aujourd’hui, le tombeau de Rachel, un important site saint du judaïsme situé près de Bethléem, est d’ailleurs surmonté de onze pierres.
La liste des cimetières israélites à Paris
Un peu d’histoire
Au moyen-âge, il existait de nombreux cimetières juifs notamment en région parisienne. Seulement, après leur expulsion en 1394, ceux-ci furent vendus au roi de France. Jusque dans la fin des années 1770, seuls des petits cimetières juifs étaient construits, essentiellement dans l’Est de la France. On pouvait trouver également en région parisienne des cimetières juifs à Fontainebleau et à Versailles.
C’est dans ces années proches de la révolution française que les juifs ont pu se réinstaller en Île-de-France. Ils étaient alors inhumés au cimetière de la porte Saint-Martin sans bruit, de nuit au même titre que les suicidés ou les condamnés.
Finalement deux cimetières vont être ouverts à La Villette, dans le jardin d’une auberge et à Montrouge dans le jardin d’un propriétaire privé.
C’est au début des années 1800 que ces cimetières furent abandonnés car la mairie de Paris mit à la disposition des juifs de Paris une partie du cimetière du Père Lachaise.
Aujourd’hui
À Paris, aujourd’hui, il n’existe plus de cimetière exclusivement Israélite.
Plus d’une dizaine de cimetières d’Île de France disposent cependant de carrés juifs.
Voici une liste des cimetières de la région parisienne qui proposent des carrés juifs :
Paris Intramuros | Banlieue parisienne |
---|---|
Père Lachaise (20ème) | Bagneux |
Montparnasse (14ème) | Bagnolet |
Batignoles (17ème) | Saint-Maur-des-Fossés – Cimetière de la Pie |
Montmartre (18ème) | Melun – Cimetière du Nord |
Belleville (20ème) | Thiais |
Passy (16ème) | Versailles – Cimetière des Gonards |
La Vilette (19ème) | Ivry-sur-Seine |
Pantin |
Tout comme il compte des rites qui lui sont spécifiques, le judaïsme compte aussi des sépultures qui peuvent se démarquer. En France, la religion judaïque se remarque par ses cimetières dédiés, particulièrement présents dans l’est du pays, ainsi que par ses édifices. Ceux-ci peuvent se passer de certains éléments habituellement constitutifs d’une tombe. La procession funéraire, encadrée par un rabbin, ou la décoration de l’édifice se distinguent aussi.